Troubles du langage en LSF

Certains enfants sourds, exposés précocement ou non à une langue des signes, peuvent présenter des retards ou déficits lors du développement langagier. Leur acquisition peut être perturbée soit par la survenue d’un Trouble Spécifique du Langage Oral (TSLO), soit par un trouble trouvant son origine dans des causes plus générales (problème praxique, moteur, psychoaffectif, etc.).

A ce jour, il n’existe pas d’outils standardisés qui permettent d’évaluer finement les compétences langagières d’un individu sourd dont la LSF est la langue première (voir projet EVASIGNE). Il n’est donc pas possible de savoir quelles sont les compétences linguistiques bien installées et celles qui nécessitent une prise en charge.

C’est ce point de vue qui nous intéresse particulièrement : comment diagnostiquer et caractériser un trouble du langage dans une langue gestuelle ?

Publications

  1. Puissant-Schontz L., Fortuna C. & Blondel M. Manifestations of SLI in LSF : focus on argument structures, ICSLA2015 Amsterdam, July 1-3, 2015
  2. Cristini M. & Bogliotti C. The phonology of French Sign Language (LSF) : non sign repetition and discrimination tests, ICSLA2015 Amsterdam, July 1-3, 2015

Pour plus d’informations, contactez Caroline Bogliotti

Projet Evasigne

Projet EVASIGNE : Evaluation des compétences en Langue des Signes Française : Enjeux cliniques et linguistiques

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Un des objectifs des travaux de notre équipe est de créer un outil d’évaluation standardisé des compétences linguistiques en LSF. Ce type d’outil est inexistant actuellement et c’est le but du projet EVASIGNE que de créer cet outil.

Les enjeux sont pluriels :

  • enjeu pratique d’une part car il répond à une demande de nombreux professionnels (enseignants, orthophonistes)
  • enjeu linguistique car il peut aider à une meilleure description de la LSF
  • enjeu scientifique car cet outil nous permet de mener à bien nos recherches sur la LSF, son acquisition et les déficits langagiers qui peuvent survenir lors du développement langagier

Nous avons plusieurs outils disponibles ou en cours d’élaboration :

  • Test de Répétition de phrases en LSF

Vous trouverez les premiers résultats de ce test dans l’article publié dans Plos One.

Bogliotti, C., Aksen, H., & Isel, F. (2020). Language experience in LSF development: Behavioral evidence from a sentence repetition task. PLOS ONE15(11), e0236729. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0236729

Ce test est disponible sur demande (contacter Caroline Bogliotti)

  • Test d’évaluation de la morphosyntaxe en LSF

Ce test a été élaboré dans le cadre de la thèse de doctorat de Laetitia Puissant-Schontz.

  • Test de répétition de non-signes
  • Test de dénomination et de désignation (Agnès Vourc’h & Caroline Bogliotti)
  • Test de production de phrases (Stéphanie Caët & Marion Blondel)
  • CotaSigne (S. Caët, S. El Ayarri & M. Blondel)

Cliquer ici pour télécharger le bilan d’étape du projet EVASIGNE

Pour plus d’informations sur le projet EVASIGNE, contactez Caroline Bogliotti

Le projet EVASIGNE a été financé par l’Université Paris Lumières (2014-2018)

Acquisition du langage en LSF

Acquisition du langage en Langue des Signes Française (LSF) : De la communication prélinguistique aux premiers signes. Étude longitudinale de 0 à 3 ans.

L’objectif de mon projet de thèse est d’étudier l’acquisition de la LSF comme langue maternelle chez des enfants entre « 0 » et 3 ans.

  • Observer et analyser l’évolution de la communication en LSF entre parents et enfants signeurs
  • Décrire les étapes développementales de l’acquisition en LSF

Ce projet de thèse est dirigé par Anne Lacheret-Dujour & Caroline Bogliotti. 

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Présentation du projet en LSF

Les vidéos présentées ici expliquent mon projet recherche.

Chaque vidéo dure en moyenne 30 secondes.

La première partie « Explications du projet » précise le contexte, l’objectif, la méthode et les informations à connaître.

La seconde partie « Consentement » est l’explication du document officiel pour les familles qui acceptent de participer.

Expérience langagière dans le développement de la LSF : Preuve comportementale à partir d’une tâche de répétition de phrases.

En psycholinguistique et en linguistique clinique, le Sentence Repetition Task (SRT) est connu pour être un outil précieux pour le dépistage des capacités linguistiques générales dans les langues parlées et signées. Cette tâche permet aux utilisateurs d’évaluer de manière fiable et rapide les capacités linguistiques à différents niveaux d’analyse linguistique tels que la phonologie, la morphologie, le lexique et la syntaxe. Pour évaluer les compétences en langue des signes chez les enfants sourds utilisant la langue des signes française (LSF), nous avons conçu une nouvelle SRT comprenant 20 phrases en LSF. La tâche a été administrée à une cohorte de 62 enfants- 34 signeurs natifs (6;09-12 ans) et 28 signeurs non-natifs (6;08-12;08 ans) – afin d’étudier leur développement linguistique général en fonction de l’âge d’acquisition de la langue des signes (AOA) et de l’âge chronologique. Auparavant, un groupe de 10 signeurs natifs adultes a également été évalué avec cette tâche. Comme prévu, nos résultats ont montré un effet significatif de l’AOA, indiquant que les signeurs natifs répétaient plus de signes et étaient plus précis que les signeurs non natifs. Un modèle de résultats similaire a été trouvé pour l’AC. En outre, les signeurs natifs ont commis moins d’erreurs phonologiques (c’est-à-dire de forme de main, de mouvement et d’emplacement) que les signeurs non natifs. Enfin, comme l’ont montré les études précédentes sur la langue des signes, la forme des mains et le mouvement se sont avérés être les paramètres les plus difficiles à maîtriser, indépendamment de l’AOA et de l’AC. Pris ensemble, nos résultats soutiennent l’hypothèse selon laquelle l’AOA est un facteur crucial dans le développement des compétences phonologiques, quelle que soit la modalité du langage (parlé ou signé). Cette étude constitue donc un premier pas vers une description théorique de la trajectoire de développement de la LSF, une langue jusqu’ici peu étudiée.

Phrases avec quatre niveaux de complexité. Les phrases de chaque niveau de complexité syntaxique ont été présentées dans les informations complémentaires (vidéo S1 : phrase facile ; vidéo S2 : phrase facile intermédiaire ; vidéo S3 : phrase difficile intermédiaire ; vidéo S4 : phrase complexe).

L’atypie langagière chez les enfants sourds : une piste pour définir le développement du langage normal et pathologique dans les langues des signes

Depuis 30 ans, les linguistes s’intéressent à la description linguistique des langues des signes (LS). Les tentatives de description qui s’en dégagent génèrent des positionnements théoriques et des questionnements terminologiques en permanente confrontation avec les langues vocales (LV).  Les LS fonctionnent-elles de la même manière que les LV ? Peut-on dégager les mêmes structures et catégories linguistiques que dans les LV ? Peut-on les observer et les décrire avec les outils des LV ? En quoi le changement de modalité peut modifier le développement du langage ? Autant de questions auxquelles les linguistes et psycholinguistes des LS tentent de répondre. Dans la première partie du chapitre, nous aborderons rapidement la linguistique des LS, et plus précisément la description des aspects phonologiques et morphosyntaxiques. Nous verrons également comment les études psycholinguistiques ont mis en évidence les similitudes ou les différences structurales entre les LV et les LS. Enfin, car c’est l’objet de l’ouvrage, nous tenterons de comprendre le fonctionnement langagier typique et atypique dans une langue signée, et plus spécifiquement, en quoi latypie langagière peut être caractéristique d’un fonctionnement langagier typique ou pathologique. Cette réflexion sur l’atypie langagière se fera au regard de la modalité gestuelle et du contexte dans lequel les enfants acquièrent une LS.

Signes lexicaux de la LSF. On peut observer ici les articulateurs manuels et corporels (doigt, main, bras) combinés pour la production d’un signe. On peut également y repérer les paramètres manuels comme la configuration (index tendu, main 5 doigts tendus), le mouvement (représenté par des flèches, le nombre de flèches correspondant au nombre de mouvement), l’emplacement (main sur le visage, sur le torse), et l’orientation (orientation de la paume vers le locuteur ou l’interlocuteur). On peut également observer l’iconicité plus ou moins transparente à l’origine de la création des signes.  Si l’iconicité du signe [ARBRE] est claire, l’iconicité de [FILLE] ou de [PROFESSEUR] est plus opaque et il est nécessaire de connaître l’histoire du signe pour en deviner la trace imagique.
Schéma tiré de Cristini, 2014. Dans la description articulatoire du mouvement d’un signe, on fait la distinction entre 3 types de mouvement : les mouvements à trajet qui font référence aux mouvements articulés par l’épaule ou le coude, qui décrivent un trajet et qui déplace le lieu d’articulation, e.g. [DROITE] ; les mouvements internes avec oscillation, réalisés par le poignet ou les doigts, qui induisent un changement de configuration ou d’orientation, e.g. [DECHIRER] ; on parle de signe à mouvements combinés lorsque les deux types de mouvement sont présents, e.g. [PHRASE].

Description linguistique et développementale de constructions prédicatives en Langue des Signes Française (LSF) : enjeux d’un outil d’évaluation.